Les Acores Part 2 - Flores et Corvo
Les îles de Flores et Corvo, deux joyaux à l’extrême ouest de l’Europe
Les Açores sont composées de neuf îles bien distinctes. Surprenamment, bien qu’elles appartiennent toutes au même archipel, chacune a sa propre personnalité. L’une est plate, une autre n’est qu’un immense cratère émergeant de l’océan, une autre encore est dominée par un mont qui perce les nuages… Mais elles partagent toutes ce sentiment d’être à l’autre bout du monde, cette atmosphère un peu « jurassique », l’absence de foules touristiques et des paysages d’une beauté qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Je ne comprends toujours pas comment ce petit bijou insulaire est resté si discret à l’ère d’Instagram. Un miracle… et espérons que ça reste ainsi.
Pour nous, Québécois, l’un des avantages est qu’il existe peu de vols directs à partir de l’Amérique vers São Miguel… mais Montréal fait partie des rares exceptions. Quelle bénédiction !
De São Miguel à Flores
Une fois arrivés à São Miguel, on peut rejoindre les autres îles en avion, car les distances restent considérables. Comptez environ 275 $ par personne pour un aller-retour. Le vol vers Flores depuis São Miguel est l’un des plus longs : environ 1 h 30.
Flores est la plus occidentale des Açores — c’est même le point le plus à l’ouest de l’Europe (et non, Saint-Pierre-et-Miquelon n’est pas en Europe !). Elle ne compte qu’un peu plus de 3 000 habitants. Les restaurants et services y sont rares et évidemment il n’y a aucun night life… à part, bien sûr, les étranges puffins boréaux qui crient bizarrement à la tombée de la nuit.
La capitale, Santa Cruz, n’est en réalité qu’un petit village charmant et typique, mais ce n’est pas lui qui justifie le voyage. Ici, c’est la nature qui vole la vedette. Nous avons passé trois jours à explorer Flores et l’île voisine de Corvo, située à 90 minutes de bateau et absolument incontournable. Trois ou quatre jours complets suffisent pour découvrir les deux. La location d’une voiture est de mise.
Flores – La nature à l’état pur
L’île se visite aisément en une journée de voiture, même si quelques randonnées méritent qu’on prenne plus de temps. Fiez-vous à l’application AllTrails. Les sentiers sont bien répertoriés et la carte est fiable. Tous les 5 à 10 kilomètres, on croise des miradouros (points de vue).
L’incontournable : Poço da Ribeira do Ferreiro, aussi appelé le « mur de cascades ». Imaginez une haute falaise verdoyante, avec une dizaine de chutes d’eau côte à côte. Un décor presque irréel, à couper le souffle. Pas de bus, pas de grand stationnement, pas vraiment d’indications : on y accède uniquement à pied par un sentier bien entretenu, mais qui pourrait limiter l’accès à certaines personnes.
Nous avons laissé notre voiture au stationnement de l’hôtel Aldeia da Cuada (où nous avons soupé le soir même), puis traversé des villages abandonnés et la petite localité de Fajãzinha, avant de grimper tranquillement vers les cascades. Sur le chemin du retour, nous avons traversé des champs parsemés de très grands murets de pierre, comme si on y avait élevé des vaches géantes… ce qui renforçait encore l’impression d’être dans un décor de science-fiction jurassique.
Morro Alto mérite aussi un détour : une réserve naturelle au silence total, à part quelques vaches contemplatives et des oiseaux qui vous jugent du haut des airs. Deux lacs jumeaux s’y nichent, collés-serrés mais aux couleurs différentes. Les miradouros (Graveiro Lopes, Ponto de Vista et Pico da Casinha) offrent des panoramas inoubliables.
Bonus surprise : les ruines de Caldeira do Mosteiro, découvertes par hasard. Vieilles pierres, atmosphère hors du temps, et une pluie de lys de calla sauvages partout autour.
Où bien manger à Flores
O’Mergulhador – Santa Cruz
Service chaleureux, ambiance relax, poisson ultra frais, pommes de terre fondantes et desserts maison. Simple et parfait.Aldeia da Cuada – près de Fajã Grande
Concept farm-to-table dans un décor rustique-chic. À savourer lentement. Repas mémorable, avec notamment une soupe exceptionnelle et des grillades de poissons du jour — des espèces introuvables au Québec mais délicieuses. Le détour en valait largement la peine, même si le retour s’est fait dans une brume épaisse.Maresia – Fajã Grande
Menu minimaliste : un seul plat principal, quelques accompagnements et un dessert. Le restaurant, installé dans un minuscule bâtiment, possède une petite terrasse au bord de l’eau, tandis que le propriétaire diffuse sa musique à fond. Un passionné, clairement un peu excentrique, qui fait les choses à sa façon… mais il les fait très bien ! Le confit de canard au porto que nous avons dégusté était tout simplement excellent.
Corvo – La plus petite des Açores
Ah, Corvo… Aller à Flores sans visiter Corvo serait un sacrilège ! L’île n’est qu’un géant cratère et ne propose qu’un petit village. On se demande même pourquoi ses habitants ont des voitures, tant les routes sont peu nombreuses. Mais c’est justement ce qui fait son charme : calme absolu, authenticité et nature brute.
À l’arrivée, un minibus vous emmène jusqu’au cratère — la montée à pied serait longue et fatigante. Le sentier qui fait le tour et descend dans le cratère est superbe, ponctué de vaches qui n’hésitent pas à bloquer le passage.
La traversée en bateau : une heure environ en hors-bord d’une dizaine de places. À l’aller, des dizaines de dauphins jouent autour du bateau, nous laissant crier comme des enfants (et verser quelques larmes de joie). Au retour, une baleine surgit à quelques mètres, avant que le capitaine ne nous emmène frôler les falaises, plonger dans les grottes marines et admirer les cascades se jetant dans l’océan.
Avant de repartir, prenez le temps d’explorer les ruelles étroites du village, cachées entre les maisons de pierre — un vrai retour à l’essentiel.
En résumé
Flores et Corvo, c’est un peu comme tomber sur un resto incroyable qui n’est pas encore sur Google Maps : tu hésites à en parler parce que tu veux le garder pour toi… mais c’est trop beau pour ne pas partager.
Pas de centres d’achats, pas de clubs de plage avec DJ payé au litre de mojito. Juste la nature : falaises vertes, cascades qui déboulent comme si elles avaient oublié de freiner, lacs aux couleurs improbables, vaches philosophiques, dauphins cabotins et baleine star. Ajoutez un cratère géant, des ruines poétiques, des miradouros spectaculaires et des repas mémorables… et vous avez la recette parfaite pour décrocher.
Bref, Flores et Corvo, c’est l’exotisme sans le sable dans les gougounes, le dépaysement à l’état pur, et surtout… un coin du monde qu’on espère que les influenceurs oublient encore longtemps.