RESTAURANT PANACÉE
Restaurant Panacée
Beau, bon, moyen cher, secret (presque)...
Le problème avec les restos coup de cœur qui ont la cote à Montréal, c’est que la ville est devenue complètement folle de sa cuisine. Résultat : les listes d’attente s’allongent sans fin. Essayez donc de réserver au Mastard, vous verrez… même combat pour Mon Lapin et compagnie. Des semaines, parfois des mois. Et toujours impossible de mettre le pied au Sabayon. Bref, les secrets bien gardés se font rares : le bouche-à-oreille se propage plus vite que les plats ne sortent des cuisines.
À la suite d’une annulation forcée un jeudi soir, on s’est mis à chercher une table libre pour le samedi suivant. Coup de chance, un commentaire déniché sur le blog de TimeOut au sujet du resto Panacée a éveillé notre curiosité. Et surprise : il restait de la place. De nos jours, ce genre de disponibilité un samedi soir inquiète presque. Resto boudé ? Mauvais signe ? Eh bien non. Sur place, la salle était remplie à environ 80 %, mais rien à signaler côté ambiance. Et franchement, on se demande bien pourquoi il n’était pas bondé : le repas fut remarquable. Atmosphère décontractée, décor soigné, plats aussi beaux que savoureux. Bref, un vrai secret (encore) bien gardé.
Et parlons-en de l’ambiance.
D’abord, le service : impeccable du début à la fin. Nous étions assis au comptoir et il n’y a eu aucun temps mort – un rythme parfaitement maîtrisé. Ce comptoir, c’est d’ailleurs une véritable agora gourmande. Il favorise la sociabilité avec les employés et les autres clients, tout en se prêtant étonnamment bien à un souper romantique.
Le design de l’endroit fait écho à la philosophie culinaire : sobre, chaleureux, élégant, simple, confortable et discret. Tout est pensé pour être réconfortant, avec des tons crème qui enveloppent. Fidèle à son nom – la panacée, ce remède universel – on y pénètre comme dans une sorte de terroir-thérapie. Une soirée au Panacée ressemble à une petite guérison. Le bruit ambiant, doux et feutré, complète l’expérience sans jamais couvrir les conversations.
La chef et l’assiette
Anciennement au Foxy, la chef Catherine Couvet Desrosiers a troqué la fumée du feu de bois pour la fraîcheur d’une cuisine qui met de l’avant légumes et poissons. Les carnivores ne sont pas oubliés, mais réduits à un tartare et un plat de porc. Honnêtement, on ne s’ennuie pas : les saveurs umami tapissent plusieurs assiettes, et si la fraîcheur domine, elle ne rime jamais avec fadeur.
Le menu : liberté encadrée
Deux menus dégustation sont proposés. Contrairement aux formules « à l’aveugle » trop fréquentes, ici, on vous laisse choisir vos plats à chaque service :
5 services (80 $) → trois salés + deux desserts, avec choix à chaque étape.
3 services également disponibles.
Petit bémol : seul un plat par service ne comporte pas de supplément. Résultat, la facture peut facilement grimper au-delà de 100 $ par personne. L’accord mets-vins (65 $) est intéressant, même si une ou deux options nous ont semblé moins convaincantes. Heureusement, la carte des vins est intéressante et raisonnable.
Dans l’assiette : du grand art
Et là, que du bonheur. Portions petites (comme il faut pour un dégustation), dressage impeccable, assiettes qui séduisent d’abord les yeux avant d’épater la bouche. Les textures, les couleurs, les températures : tout tombe juste.
Le menu change souvent en été (nous y étions fin août), un peu moins l’hiver. Inutile donc de s’éterniser à détailler chaque plat, mieux vaut laisser les photos parler. Mais impossible de ne pas souligner :
le crudo de thon avec shishito, chou-rave et coriandre,
les champignons homard avec maïs, amande et œuf,
et le homard des Îles accompagné de bette à carde, cari de Madras et livèche.
Exécutés avec une précision chirurgicale.
Fait notable : sur cinq services, seuls trois sont salés. Cela laisse une place inhabituelle au dessert… et le pari est gagné. Parmi les meilleurs sucrés dégustés en 2025, rien de moins. Notre conseil : si vous êtes deux, commandez des choix différents et partagez. Ça vaut vraiment le détour complet du menu.
Petit conseil bonus : prenez le pain. Il devient vite indispensable pour goûter à toutes ces sauces, chacune exécutée avec brio.
Verdict
Vous cherchez un excellent resto à la dernière minute ? Gardez le Panacée en tête. Pour l’instant, on peut encore s’offrir du grand sans réserver des mois d’avance. Mais pariez que ça ne durera pas.