Michelin vs Montréal

Et si le Guide Michelin ne parlait pas la langue montréalaise?

Le Guide Michelin a finalement posé ses valises au Québec, et il est difficile de ne pas commenter ce premier jet, particulièrement en ce qui concerne Montréal. La Ville de Québec a été mise à l’honneur – à juste titre. Les deux étoiles attribuées à La Tanière³ sont pleinement méritées : c’est, selon nous, la meilleure expérience gastronomique au Québec.

Mais du côté de Montréal, le palmarès laisse perplexe. Chez Gargouillis, nous avons pour principe de ne pas critiquer les restaurants qui nous déçoivent, par respect pour le travail des équipes en cuisine et en salle. Toutefois, il est difficile de ne pas aborder le sujet lorsqu’on parle du Guide Michelin, tant il façonne les attentes.

Lors de nos voyages, nous utilisons souvent ce guide pour orienter nos choix lorsqu’aucune autre source fiable n’est disponible. Parfois, nous sommes conquis. Parfois moins. Une chose devient vite claire : les inspecteurs Michelin ont une nette préférence pour ce qui est guindé. Le service très formel et codifié est souvent valorisé. Cela explique sans doute l’étoile remise à Europea. Sans remettre en cause la qualité de cet établissement, il correspond effectivement à ce que l’on retrouve fréquemment dans les étoilés Michelin européens.

Heureusement, des restaurants comme Mastard et Sabayon ont réussi à se tailler une place. Mais on reste surpris de l’absence de plusieurs incontournables montréalais : Hoogan et Beaufort, Alma, Hélicoptère, Mon Lapin, Montréal Plaza, Foxy, H3, Cabaret l’Enfer… Est-ce que le fait d’offrir une ambiance détendue et chaleureuse, sans décorum, joue contre ces établissements dans l’obtention d’une étoile?

Pourtant, lors d’un récent passage à San Francisco, nous avons dîné au Progress, un restaurant étoilé qui propose une expérience très similaire à celle de plusieurs tables montréalaises : petits plats à partager, ambiance conviviale. Sauf qu’en comparaison, la cuisine y était, selon nous, moins aboutie que celle de plusieurs restaurants de Montréal. Durant tout le repas, on se disait que si The Progress méritait une étoile, alors Montréal ferait un malheur dans la sélection Michelin.

Mais au final, seulement trois restaurants montréalais ont décroché une étoile, contre 26 établissements étoilés (une, deux ou trois étoiles) à San Francisco. Le Guide se rachète partiellement avec sa sélection de Bib Gourmand, dans laquelle on retrouve des restaurants bien meilleurs que certains que nous avons testés à San Francisco. Cela dit, la logique de cette liste nous échappe parfois. Voir des institutions comme Le Petit Alep et L’Express figurer aux côtés du surprenant Parapluie laisse songeur.

En espérant que l’édition 2026 soit plus représentative de ce que Montréal a à offrir.