Le monde du vin, version décomplexée

Le vin, c’est plus un club sélect depuis longtemps. Fini l’époque où il « fallait » jurer que par un Bourgogne ou un Piémont pour avoir l’air sérieux. Aujourd’hui, des coins improbables sortent des bouteilles originales qui secouent les habitudes. Et le Québec? Il n’est plus à la traîne. Longtemps jugé trop frisquet, il a appris à jongler avec la météo, à apprivoiser ses hybrides et même à dompter certains Vitis vinifera (les vignes européennes “classiques”) avec un savoir-faire qui frôle parfois le coup de génie. Résultat : des cuvées pas plates pantoute — certaines carrément singulières, d’autres plus classiques, mais toujours avec une vraie touche locale.

Cap sur La Cantina (Oka)

Parmi les maisons qui tiennent la barre haute, on trouve La Cantina, nichée dans la vallée d’Oka. On y croise Pinot noir, Chardonnay, Seyval et d’autres cépages bien adaptés au coin. Notre histoire avec eux remonte à la pandémie : un conseiller SAQ du West Island nous glisse un Chardonnay dans les mains… et bam! coup de foudre instantané. Fraîcheur éclatante, esprit presque chablisien. On en parle encore.

Depuis, La Cantina s’est refait une beauté : installations neuves, look moderne, digne de ce qu’on voit en Ontario ou ailleurs dans le Nord-Est. Bonne nouvelle : pas de folie des tasting rooms californiens à prix délirants. Ici, on reste dans le chaleureux, l’enchanteur, et le zéro-chichi. On s’est offert deux vols de dégustation (quatre vins chacun) et, huit gorgées plus tard… voici le verdict Gargouillis.

Les belles surprises (et pas à peu près)

• Rosé du Calvaire : zéro complexe face à la Provence. Fraîcheur, fruit net, finale propre — bouteille caméléon qui disparaît toute seule sur une terrasse d’été.

• Pinot noir : attention, pas le rouge translucide “p’tit beaujolais de soif”. Ici, il y a du corps, de la cerise mûre et une profondeur surprenante. On sort du poisson délicat pour aller vers poulet rôti bien assaisonné, volaille grillée, voire même quelques viandes costaudes. Franchement : un grand vin québécois.

Le bémol (et c’est perso)

On attendait beaucoup du Chardonnay 2023. Cette année-là, la barrique a pris un peu plus de place — style plus Nouveau Monde, presque californien. Résultat : notes beurrées et toastées costaudes qui masquent un peu le fruit. Si vous aimez ce style-là, vous allez triper. Nous, on reste attachés à la version plus fruitée qui nous avait séduits au départ. Rien de catastrophique, mais quand le cœur met la barre haute, la chute se sent un brin plus.

Et pourtant, la plupart des amateurs encensent le Chardonnay de La Cantina pour son équilibre et son accessibilité. Comme quoi, même au sein d’un chouchou, chaque millésime a sa personnalité — et c’est aussi ça, le charme (et le suspense!) du vin d’ici.

Petit hic aussi : servi trop chaud, presque à température pièce… On lui redonnera peut-être une chance (frais cette fois).

L’accord parfait : pommes + pinot

Si vous passez par Oka ou Saint-Joseph-du-Lac pour la cueillette des pommes, ne manquez pas l’arrêt à La Cantina. Le combo « paniers + pinot » goûte la tradition locale, et on aime ça fort.